Dès que l’on parle traditions, on ne peut s’empêcher de penser au « folklore ». Le mot est lâché. Sa connotation passéiste voire moqueuse (ne dit-on pas d’une situation pour le moins extravagante que « c’était folklo », d’autres diraient « abracabradentesque ») fait souvent passer les défenseurs des traditions populaires pour de doux nostalgiques du passé, réfractaires au modernisme et pour qui c’était mieux avant.

Natif de Samatan, un temps la Mecque des Traditions Populaires, grâce à Maurice Roux et à tous les anciens de la région qui n'avaient pas oublié les danses et les chants issus de leur terroir, j'ai de tout temps apprécié la simplicité, l'authenticité et la grande générosité des anciens de l'époque. Je n'avais que quinze ans et j'étais loin de faire partie de ceux que l'on classe aujourd'hui dans le troisième âge.

Dans son article, « Hauts les chœurs  », relatant la dernière fête de la musique à laquelle participaient les musiciens d'ATP, le ou la journaliste de Sud-Ouest écrit : « certes, sur la place du marché, le troisième âge était en force », ce qui était peut être vrai. Mais beaucoup de jeunes se sont pris au jeu et se sont laissés entraîner par les danses en couples ou collectives qui, avouons-le, sont plutôt rares aujourd'hui dans les boîtes branchées.  L'on se trémousse seul, parfois devant un miroir et cela, à mon goût, manque de convivialité et de rapprochement. Pourquoi les Traditions Populaires ne seraient-elles que l'apanage du troisième âge ?

Cela me fait penser à un article de Charles Mouly, journaliste à « La Dépêche du midi », auteur des aventures de Catinou et Jacouti, les héros de Minjecèbos, feuilleton mythique des années 60 diffusé sur radio Toulouse, qui écrivait, déjà, il y a trente ans dans ce journal :

«  L'excès de modernisme d'une époque trop imbue d'elle-même et trop dédaigneuse du passé fait mieux ressentir ce que contient d'inestimables richesse notre patrimoine traditionnel. Le caractère profondément humaniste qui s'y attache - tout dans le folklore partant de l'homme pour aboutir à l'homme- atteste, à travers des traditions séculaires concernant les manières de vivre, de travailler, de se divertir, que nos « anciens » avaient peut-être plus que nous le sens de  la qualité de la vie  et du vrai bonheur.

Dès lors, ces traditions n'apparaissent plus comme quelque chose de mort, ou de désuet, mais comme la source rafraîchissante où les hommes de ce siècle déboussolé peuvent retrouver, avec leurs racines, le vrai goût de la vie. »