Las bòrdas de la Gasconha Olt e Garonesa.

Lo territòri d’Olt e Garona a totjorn estat de tots temps traversat per los òmes.

Aisit a còrrer, draubit de tots costats sus regions a las economias complementarias, es una crutzada on son passats los cassaires preistorics, las tribùs ibèras que seguissian los son tropèths mudents, los celtes nitiòbriges debarats dus paisses du nòrd ; se mesclèran[1] tamben romans, vandales et colhas Wisigòtes. Mes tard, son venguts de pas tròp lunh quauquas pòpulacions per remplaçar los mòrts qu’avian deishat las guèras e las epidemias. Damb eras arribèran quauques sesonèirs, marchands, romius[2]… venguts de païs sovent lunhs.

Totes aqueres passants an deishat la sua mèrca e la mes caracteristica de l’òme sus la tèrra es lo son ostau ! Donc, se cau pas estonar de trobar en Olt e Garona una granda diversitat d’ostaus paisans. Dins un quite canton, e quauques còps un quite vilatge, troberan ostal los mèi diferents.

Dins lo Marmandes : riba gaucha de Garona se pòd remercar dus terrèns : la plana de Garona, que dίve sa riquessa a la lisa que Garona deisha a cada aïgat e lo Queyran hèit de calhaus e ont las bòrdas son enfluençadas per las bòrdas neraquesas o landesas.

Dins las Lanas : cada bòrda es sola dins son airial, una traucada dins la pinhada, on los bastiments s’esbarrejan[3] librament. L’organisacion de la damorança se sembla a la de « l’etché », l’ostau basco primitiu, mes la construccion es diferenta : los maçons lanusquets, carpentèirs mèi que maçons, an transformat lo mòdèle en pèira en un assemblatge de bòi sabentàs.

Dins l’Albret : aici, los ostaus, los pavatges e las barralhas[4] son hèits de beròias pèiras calcaris duras. Los « bordios » neraqués son tot en longor e atau se segissan la granja, l’estable, la damorança e las remisas

Les fermes de la Gascogne Lot et Garonnaise.

Le territoire du Lot et Garonne a toujours été, et de tout temps, traversé par les hommes.

Facile à parcourir, ouvert de tous côtés sur des régions aux économies complémentaires, c’est un carrefour où son passés les chasseurs de la préhistoire, les tribus ibères qui suivaient leurs troupeaux transhumants, les Celtes Nitiobriges descendus des pays du Nord ; se mêlèrent aussi les Romains, Vandales et hordes Wisighotes. Plus tard, sont venus de régions proches quelques populations pour remplacer les pertes dues aux guerres et aux épidémies. Avec eux arrivèrent aussi quelques saisonniers, marchands et pèlerins venus de pays souvent lointains.

Tous ces passants on laissé leur trace et la plus caractéristique de l’homme sur la terre est celle de sa maison. Il ne faut donc pas s’étonner de trouver en Lot et Garonne une grande diversité de maisons paysannes. Dans un même canton et quelque fois dans un même village on trouvera des maisons très différentes.

Dans le Marmandais, rive gauche de Garonne on peut remarquer deux sortes de terrains : la plaine de Garonne qui doit sa richesse au limon, la lise, que Garonne dépose à chaque inondation et le Queyran fait de cailloux et où les fermes sont influencées par celles du Néracais ou des Landes.

Dans les landes Lot et Garonnaise, chaque ferme est isolée dans son airial, une clairière dans la plantation de pins. L’organisation de l’habitation ressemble à celle de l’ « Etché » basque primitive, mais la construction est différente car les maçons landais, plus charpentiers que maçons, ont transposé le modèle en un savant assemblage de bois.  

Dans l’Albret, les maisons, les pavages et les clôtures sont faits de belles pierres calcaires dures. « Les bourdious », grosses fermes du Néracais, sont construites tout en longueur. Derrière une façade continue se succèdent grange, étable, habitation et remises.

Quelques fermes du Pays Val de Garonne-Gascogne.

Les silhouettes des maisons du Pays Val de Garonne-Gascogne rappellent tantôt la ferme landaise ou l’ « échoppe » bordelaise, tantôt la « chartreuse » du Périgord ou la maison quercynoise. Dans le Marmandais et la plaine de la Garonne, c’est la maison landaise qui a inspiré une construction bien particulière : la « grange-étable » de type Marmandais.

Echoppe bordelaise. Chòpa bordalesa

Echoppe avec galerie couverte à l’entrée du village de Calonges. (Photo 1. R Gaston)

Le Bordelais est un pays de vignobles. La maison est destinée avant tout à être l’habitation de l’homme, une habitation modeste qui possède tout au plus un chai ou une remise à outils. On appelle échoppe cette petite maison quadrangulaire, couverte d’un toit méditerranéen à quatre pans. Le toit étant sans débord, une corniche de tuiles canal et de tuiles plates, la « génoise », orne toujours la bordure du toit assurant l’étanchéité entre tuile et maçonnerie.La façade est orientée au Sud-Est, s’abritant du vent dominant.. Les pièces s’organisent autour d’un couloir central. Suivant l’aisance du propriétaire, la maison possède ou non un étage. La façade exposée aux vents océaniques est aveugle et les ouvertures de la maison sont groupées sur la façade abritée. Les bâtiments d’exploitation ont été souvent construits à côté. Dans le Marmandais ils sont souvent accolés à la maison contre le mur Ouest opposé à la façade. La maison du vigneron des coteaux est ainsi devenue maison du maraîcher et du petit cultivateur de plaine.

Chartreuse périgourdine. Chartrosa perigòrdina.

Chartreuse, au Mas d’Agenais « maison de maître », type Quercy Périgord, en brique (matérieau exceptionnel pour ce type de maison). Située au Mas d’Agenais, route de Casteljaloux (Photo 2. R Gaston)

La « Chartreuse » comporte deux pigeonniers tourelles de part et d’autre de la façade, ils donnent au bâtiment une certaine monumentalité Assez rares dans le Marmandais et la moyenne Garonne, ces maisons se rencontrent plus fréquemment quand on se rapproche du Périgord en allant vers le nord du département.

La maison landaise. La bòrda lanusqueta.

La maison landaise d’origine basque est avant tout une œuvre de charpentier. C’est sans doute l’une des plus caractéristiques des maisons paysannes française.

Sous une vaste toiture à faible pente, la construction est principalement un ensemble de fermes en bois. Un remplissage de pisé (la tapia) entre les colombages forme cloisons intérieures et murs. Mais alors que dans les Landes, cette maison est chétive et basse, abritant seulement l’habitation des paysans ou des bergers, en Lot et Garonne la richesse agricole lui redonne une certaine opulence : habitation, étables, grange et autres locaux d’exploitation sont réunis sous une large toiture et les parois extérieures sont souvent construites en dur, pierre ou brique. Au Sud-Est, exposition la plus abritée, la toiture déborde de plusieurs mètres, formant un grand auvent charpenté au-dessus de la façade principale. L’espace ainsi abrité, le « balet », a une grande importance dans la vie de tous les jours, il est inspiré de l’auvent basque où l’on battait le blé. Dans les landes, il sert au séchage du maïs, dans la vallée de la Garonne, il joue souvent le rôle de séchoir à tabac. L’espace sous l’auvent est alors fermé par des planches fixées à la charpente.     Dans la maison landaise, l’habitation ouvre au centre du mur pignon, sous le « balet ». Autour d’une pièce commune centrale on trouve les chambres, la souillarde, le cellier et parfois l’étable. Le grenier occupe toujours l’étage.

La ferme landaise, le plus souvent située dans une clairièreau milieu de « la pinhada »[5] est constituée de plusieurs bâtiment disséminés autour de l « ’airial »[6]. On y trouve le plus souvent la maison d’habitation, la bergerie, la grange, le poulailler, souvent sur pilotis pour protéger les volailles des prédateurs renards et autres rats, le four à pain, isolé des autres bâtiments pour prévenir les risques de propagation d’incendie, le bois étant le matériau principal de toute ces constructions, et bien sûr, le puits caractéristique souvent à balancier.

Ferme landaise à Sauméjan. Le « balet » au centre du mur pignon a été fermé, la partie haute en planches a été conservée. Un mur a été bâti en partie basse et percé d’une  porte et d’une fenêtre. Le « balet » est ainsi devenu une pièce habitable supplémentaire.  (Photo 3. R Gaston)

Grange étable-bergerie à Sauméjan, appartenant à la même métairie, mais séparée de l’habitation. (Photo 4. R Gaston)

La bòrda marmandesa.

Qu’es caracteristica, se sembla a una tenta trapuda de plan quarrat. La grana teulada[7] bota a l’acès[8] lo lòtjament e los lòcaus per l’exploatacion. Un emban o balet[9] salhent per davant es totjorn orientat mijorn.

Se tenem pas compte du pijonèir au dessus du balet, aquera bòrda se sembla a la de las Lanas o du Pais Basca. L’organisacion entèrna es parèlha. Lo materiau, eth, l’òme a sabut pertot lo façonar a la demanda .

Coma dins la primitiva « Etché » basca, lo lotjament dus òmes es dins la partida en bas, expausada au mijorn. Lo bèstiar es de l’autre bòrn (nòrd), entra los dus, la remisa per las carretas, l’ « eskarats », la remisa per lo hen e la granja son per dessus. La bòrda lanusqueta es hèita parièir, com la bòrda marmandesa. Aqueras tres construccions se pòdan aperar   « ostaus energeticament inteligents ». Lo davant[10] au cochant es expausat aus vents e a la pluja es per aquò qu’a nada finèstra e la teulada s’abaisha per deisha passar lo vent mèi aisidament per dessus l’ostau.

Dins la bòrda marmandèsa lo mitan de la bastissa, haut e large servis de remisa. Las pantas du teule devalan per cobrir los dus costats baish mèi estrets. Lo dau mijorn, au soreilh es ocupat per l’ostau on viven las gents e l’autre au nòrd per l’estable.

Las tres regions, (País Basca, Lanas, Gasconha) avèvan una quita identitat economica : terrèns praubes. Los paisans vivèvan de quauques camps e d’un petit tropèt ? Economisar sus tot èra imperatiu. Praquò an imaginat gripas[11] ginhècas[12] e « colanas » qu’empachavan las bestias de gassilhar lo forratge. Dins la construccion de la bòrda marmandesa pèira e bòi son associats. Troban quauquas diferenças mes, totjorn, i a un balet (o emban) o una galeria on las gents de prener l’aire e se botar a l’acès quand i a lo caumas[13].

La métairie type Marmandais.

Son aspect est caractéristique, elle ressemble à une tente trapue de plan carré. La vaste toiture abrite logis et locaux d’exploitation. Un auvent « le balet » fait saillie en façade et est toujours orienté Est ou Sud-est.

Si l’on excepte le pigeonnier tourelle qui surmonte « le balet », cette maison rappelle celle des Landes ou des Pays Basques. L’organisation interne est semblable, bien plus que le matériau, agent passif que l’homme a su, partout, façonner selon ses besoins.

Comme dans la primitive «  Etché » basque, le logis des hommes est placé dans la partie du rez-de-chaussée exposée au soleil (Sud  ou Sud-est). Le bétail est à l’opposé (Nord  ou Nord-Ouest) ; entre les deux, la remise des chars, l’ « eskarats », le fenil et la grange sont au dessus. La borde landaise est semblablement agencée de même que la métairie marmandaise. La façade Ouest, exposée aux vents océaniques et aux pluies est aveugle et la toiture forme une croupe abaissée sur laquelle les vents ont moins de prise.

Dans la métairie marmandaise, une haute et large travée centrale sert de remise. Les versants du toit se prolongent pour couvrir deux bas-côtés plus étroits. Celui au Sud, Sud-est, au soleil est occupé par «  l’ostau » des gens et l’autre au Nord, Nord-Ouest par l’étable.

Les trois régions avaient une même identité économique agraire : terroirs pauvres. Les paysans y vivaient de quelques champs et d’un petit cheptel, économiser en tout était un impératif. Cela leur a fait imaginer d’astucieux dispositifs comme les crèches et coulanes, ces « cornadis » qui contraignent les animaux à ne pas gaspiller le fourrage. Dans la construction de la métairie marmandaise, pierre et bois sont associés. On trouve quelques variantes mais dans tout les cas, la façade est précédée d’un auvent ou d’une galerie couverte permettant aux gens de s’aérer agréablement aux heures chaudes de l’été.

MaiterieMaitérie grange-étable marmandaise à Samazan à toit assymétrique, l’influence des Landes toutes proches se fait sentir. (Photo 5. R Gaston)

La ferme du Roudey à Gontaud de Nogaret. Métairie grange-étable de type marmandais avec pigeonnier central surmontant le « balet ». (Photo 6. R Gaston)

Dans la plaine marmandaise, ancienne région d’élevage bovin, s’est donc développé une variante de la ferme landaise. C’est « la grange-étable », ainsi nommée car l’espace pour remiser le foin y a pris la plus grande place. Une large porte charretière occupe le centre de la façade sous l’auvent.

La façade principale triangulaire où se situe le « balet » est le plus souvent symétrique, cette symétrie disparait dès qu’on s’éloigne de la plaine de la garonne et que l’on se rapproche des Landes. (Photo 5).

Dans la plaine de la garonne comme dans la ferme du Roudey à Gontaud de Nogaret (photo 6,) le pignon est surmonté d’un pigeonnier tourelle avec toit à quatre pentes, situé au dessus du « Balet ». Le pigeonnier de cette ferme s’étant écroulé l’édifice, emblême des « Paysons Paysannes de Lot et Garonne », a été démoli. Dommage, car c’était certainement la plus représentative de cette architecture.

Comme dans toute les granges-étables de la vallée de la Garonne, le « balet » de la ferme du Roudey, appelé aussi « emban » est orienté Sud Sud-Est. La partie habitation d’où émerge la cheminée est orientée Est. Non visible sur la photo, la toiture est à pan coupé et le mur aveugle à l’Ouest permettent de protéger le bâtiment des vents et pluies océaniques. L’étable est toujours située au Nord. Le bétail au nord et le foin stocké à l’étage assuraient ainsi une isolation thermique en hiver, faisant de la grange étable marmandaise une maison que l’on pourrait qualifier d’énergétiquement intelligente » !

La ferme du Roudey à Gontaud de Nogaret. Façade au midi


  •  [1] Se mesclèran : se mélèrent, se mélangèrent. Mesclar : mélanger
  • [2] Romius : pèlerins (los que van a Roma)
  • [3] S’esbarrejan : s’éparpillent
  • [4] Barralhas :barrières .barrar : fermer
  • [5] Pinhada : forêt de pin
  • [6] Airial : clairière au milieu du pinhada où les bâtiments de la ferme landaise se dispersent librement.
  • [7] Teulada : toiture
  • [8] Botar a l’acès : mettre à l’abri
  • [9] Emban o balet : auvent
  • [10] Lo davant :( prononcer lou daouant) ici la façade au couchant c’est à dire à l’ouest
  • [11] Gripas : crèches
  • [12] Ginhècass : astucieuses
  • [13] Lo caumas : la canicule
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